Déplacements inclusifs : les enjeux de mobilité dans les quartiers prioritaires

Des inégalités… Même dans la mobilité ?

 

La décarbonation des modes de transports est au cœur des préoccupations pour construire des villes durables. Mais quid des déplacements inclusifs en quartiers prioritaires ?

Des efforts sont déployés pour réduire l’impact environnemental des déplacements urbains. Mais il est essentiel de s’interroger sur la manière dont cette transition peut profiter à tous. Notamment en ce qui concerne les quartiers défavorisés et les diverses catégories de ménages qu’ils regroupent.

De fait, ces populations sont souvente délaissées. Elles sont confrontées à des défis uniques en matière de mobilité durable et font face à des inégalités persistantes dans l’accès aux alternatives douces…

Face à la mobilité, sommes-nous tous égaux ? Quelles solutions existe-t-il pour garantir une transition équitable et inclusive ?

La dépendance à la voiture : un obstacle à la mobilité inclusive en quartiers prioritaires

Déplacements inclusifs en quartiers prioritaires : la voiture, le moyen de transport privilégié.
La voiture, le moyen privilégié pour les déplacements dans les quartiers prioritaires.

La dépendance à la voiture constitue un obstacle majeur à la transition vers des mobilités durables. En particulier dans les territoires ruraux et périurbains. En effet, ces zones sont fréquemment caractérisées par la possession de véhicules généralement plus polluants.

Le Baromètre des mobilités du quotidien n°2 de mars 2022 le démontre. Sur les 13,3 millions de personnes en précarité mobilité en France, 5,3 millions vivent dans des zones de densité intermédiaire ou faible et dépendent de la voiture.

Les habitants de ces zones sont par la même occasion plus dépendants de la voiture pour leurs déplacements quotidiens. L’introduction des Zones à faibles émissions (ZFE) et du dispositif “Crit’Air notamment, constituent des obstacles supplémentaires pour ces communautés.

Une décarbonation qui divise

Les ZFE visent à réduire la pollution de l’air par une limitation d’accès à certaines zones urbaines pour les véhicules les plus polluants. Les vignettes Crit’Air classent les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes.

Cependant, pour de nombreuses personnes vivant dans les zones rurales et périurbaines, la voiture est souvent le moyen le plus pratique pour se déplacer. L’imposition de telles restrictions peut alors être particulièrement contraignante. Les habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV), sont particulièrement touchés par ces mesures. En effet, ils sont en général en possession de véhicules Crit’Air 4 ou 5… Ainsi, les ménages à faibles revenus ont trois fois plus de voitures interdites en ZFE que ceux plus aisés (38 % vs 10%).

Paradoxalement pourtant, selon l‘INSEE, les 10% de personnes les plus riches émettent 29,2 tonnes de CO2. Les 10% les plus pauvres, elles, n’en émettent que 5,1 tonnes. Autrement dit, les communautés plus précaires ne sont pas les premiers pollueurs, bien qu’ils dépendent de la voiture et soient fortement contraints par les nouvelles mesures. Cela souligne les inégalités d’émissions de CO2 liées à la dépendance à la voiture. Mais aussi, l’importance de prendre en compte les besoins spécifiques de cette catégorie de la population dans la mise en œuvre de mesures de décarbonation des transports.

Mobilité et inclusivité : quand les déplacements en zones prioritaires sont un défi

Voiture dans un quartier prioritaire avec un arrêt de bus à droite.
La dépendance à la voiture est accentuée par le manque d’infrastructures et l’éloignement des services dans les quartiers populaires.

Cette corrélation entre le lieu d’habitation et la dépendance à l’automobile s’explique par plusieurs facteurs.

Un manque d’infrastructures alternatives

Ces zones sont souvent moins bien équipées en termes d‘infrastructures de transport alternatifs, telles que les pistes cyclables ou les réseaux de transports en commun. Cette absence d’alternatives crédibles renforce inévitablement la dépendance à la voiture.

Les transports en commun y sont parfois insuffisants. Par leur faible fréquence, la présence de zones non desservies ou encore des lignes bondées.

De plus, le manque d’infrastructures cyclables adaptées et les horaires de travail moins flexibles limitent l’utilisation du bus ou vélo comme alternatives décarbonées.

En ce qui concerne le vélo, il est parfois jugé comme trop dangereux ou manquants d’aménagements adaptés. Cela nécessite un travail de sensibilisation à faire autour des mobilités actives, à la fois auprès des décideurs publics et des usagers de la route.

Généralement omis, les freins sociologiques jouent également un rôle. Les déplacements nécessitent des compétences d’orientation et de compréhensions faces auxquelles les personnes plus âgées ou les personnes étrangères par exemple se voient désavantagées.

Un bon nombre de raisons qui font que les alternatives de mobilité, comme le vélo, ne se présentent parfois même pas comme une option auprès de ces citoyens.

Un éloignement des services

Les habitants des zones rurales et périurbaines doivent fréquemment parcourir de longues distances pour accéder aux services essentiels (supermarchés, écoles, lieux de travail, etc.)

Bien qu’ils disposent de véhicules plus polluants, la voiture devient le moyen de transport le plus pratique et le plus rapide.

Par exemple, d’après le Baromètre des mobilités du quotidien, environ 80% des ouvriers affichent une dépendance à la voiture. Par leurs horaires de travail contraignants et du manque d’alternatives crédibles pour leurs déplacements quotidiens.

Ces obstacles maintiennent une dépendance à la voiture. Ils entravent aussi la transition vers des modes de transport plus durables. Face à ces constats, il est compliqué de parler de déplacements inclusifs en quartiers prioritaires aujourd’hui.

Aujourd’hui, 50% des automobilistes précaires ne disposent pas d’alternative crédible pour leurs déplacements quotidiens… Une situation qui rappelle l’importance de développer des solutions de mobilité durables adaptées à ces zones.

 

Des déplacements inclusifs en quartiers prioritaires, c’est possible !

Pour garantir une transition équitable vers des mobilités durables, il est essentiel de prendre en compte les besoins spécifiques de l’ensemble des territoires et des catégories de ménages les plus vulnérables. Cela implique de rendre les alternatives décarbonées accessibles à tous, indépendamment du revenu ou du lieu de résidence. La mobilité se doit d’être accessible à toutes et tous.

La transition vers des mobilités durables ne peut être réussie que si elle est juste et équitable pour tous les citoyens.
Il est impératif de s’engager à créer un système de transport à la fois écologiquement durable et socialement inclusif. Un engagement qui inclut les décideurs, les acteurs de la mobilité et la société dans son ensemble.

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